HURGHADA Croisière Plongée Nord 3-11 Mai 1997


Le vent s'est levé pendant la nuit. Le récif protège moins de la houle et les couchettes nous ballottent un peu trop. Le déjeuner est rapide et les trente minutes de voyage passent au gré des vagues parfois moutonnantes. Nous sommes sur le site. Shabri plonge et va nouer un bout sur une superstructure de l'épave que nous allons visiter.

La mise à l'eau s' effectue dans une eau agitée et nous nous regroupons au bout le long duquel nous descendrons à cause du courant. Dès la tête sous l'eau, nous le voyons enfin ce Thilstlegorm dont nous avons tant parlé et dévoré les documents. Il est là, par vingt mètres, géant endormi, posé sur le fond, les entrailles ouvertes sur un enchevêtrement de poutrelles et de ferrailles tordues. Nous inspectons le pont tribord jusqu'à l'effrayante brèche en contournant un wagon défoncé et en inspectant la première cale où s'alignent camions et motos qui semblent posés là depuis peu, figés dans une clarté bleu vert. Une visite des coursives ou un banc de barracuda rôde et les cent bars sont déjà atteints dans les blocs et il faut revenir vers le bout pour remonter. Le remontée se fait avec l'amarrage avant du bateau puis avec un cordage qui aboutit à l'échelle arrière.

La deuxième plongée se fera sur le même site et dans les mêmes conditions mais sur l'avant du cargo. Nous retrouvons le banc de barracudas et la cohorte habituelle des poissons.

La faim nous tenaille et il va falloir patienter encore un peu avant de retrouver le calme du récif de Shaab-Ali. La route du retour se fera en passant par l'épave du Giannis D, mais patience ce sera demain. La côte du Sinaï se détache nettement et le bateau fait des grands surfs sur de puissantes vagues écumantes. Le calme de l'abri et sa beauté sauvage nous reposent; fascinant rivage d'or, frange d'émail turquoise, bande de bronze et l'eau outremer. Les bateaux blancs avec leurs bandes colorées ressemblent à des perles le long d’un collier. C'est l'heure du goûter et le chef nous a préparé un feuilleté au miel qui disparaîtra sans miette. La plongée de nuit commence par un water-polo. Jean-Luc a pris sa lampe spéléo et son éclairage est digne de la Concorde, quelle lumière! le puissant cône troue l'eau et inonde les vagues de coraux. Une pauvre pieuvre est de nouveau victime d'une tentative de déplacement. Jean-Luc découvre une cigale de mer qui déchaîne les ardeurs de Shabri; après quelques cabrioles destructrices le malheureux crustacé se retrouve dans un filet. Les massifs de coraux sont un peu délabrés par les ancres des bateaux mais, dit-on dans la revue d' Hurghada cette année verra la pose de bouées de mouillage. Une superbe bouteille vide de Coca saute dans la poche de Jean-Luc et dès le retour sur le pont servira de monnaie d'échange avec la cigale qui après une séance de pose et de tripotage sera toute étonnée de se voir rejetée à la mer. Mais que de regrets dans les yeux des marins qui se vengeront en péchant des calmars aux yeux bleus !

Isabelle sur l’épave du Thistlegorm ©JLB