HURGHADA Croisière Plongée Nord 3-11 Mai 1997


Déjà onze heures, vite on charge les sacs dans le coffre immense qui semble déjà trop petit, pourra-t-on rentrer tous les sacs ? On verra bien tout à l'heure. Quelques baisers, des promesses et en route pour l'inconnu.

Onze heures trente, Marylène suivie de Claude débouchent du porche de l'imposant immeuble Versaillais. Vite, la voiture est garée en sens interdit et sur le passage clouté, tout rentre dans le coffre ou l'habitacle. Les plaisanteries fusent et masquent un peu d'anxiété. Le trajet est court malgré l'itinéraire choisi qui contrarie Claude mais, qu'importe nous sommes sur le trottoir départ à l'heure prévue et d'ailleurs, Jean-Luc et William arrivent déjà.

Un rapide coup d'oeil sur les écrans nous confirme le numéro et l'heure de départ du vol. Pourquoi traîner? Allons donc enregistrer les bagages. L'hôtesse est aimable et voit mal l'indication de la balance : 24 kg pour 15 autorisés... un de passé, je lui offre un bonbon. Jean-Luc a moins de chance, de nous tous, seul il aura à payer un supplément de bagages: 2 kg , vu son poids c'est énorme et quelques quolibets fusent à l'égard des règlements qui ne prennent pas en compte le poids du passager....

Les divers contrôles sont passés sans problèmes et ces émotions nous ont ouvert une crevasse dans l'estomac qu'il va falloir combler rapidement. Le sandwich et la bière seront l'ultime souvenir de cette France aéroportuaire que nous allons quitter. Quelques emplettes en secteur hors taxes et nous voilà en salle d'embarquement à jouer à chercher qui sera nos ou notre compagnon de croisière, nous choisissons deux charmantes jeunes filles malgré les protestations de Marylène, nous verrons bien.

L'avion, un A320 déverse son flot de passagers bronzés avant de se refaire une santé et hop-là en voiture. Le personnel semble jeune et attentionné, Romy, notre hôtesse locale passe et chatouille son compteur pour vérifier le nombre de passagers, nous lui demandons d'examiner sa main pour voir si l'hypertrophie se voit déjà, mais non la main est encore fine et blanche, ressemblera-t-elle à un Bernard l'ermite dans quelques années?

Le commandant de bord nous et laissera sous son aile gauche Dijon, indique le nom de l'équipage. L'avion pèse soixante-dix sept tonnes, consommera seize tonnes de carburant, Genève, Gènes, Rome, Naples, Bari, Larnaka, Le Caire, et se posera à Hurghada ou la température est de 24 ° et le vent du nord souffle fort et la pluie tombe... Gérard a la chance de passer les Alpes dans la cabine de pilotage et découvre les sommets enneigés dans le soleil sous un ciel très bleu. Le repas servi est très convenable et deux bouteilles de porte du cockpit à Bordeaux nous aident à faire glisser le poulet au curry et le reste. Nous atterissons en douceur sur un terrain fort bien balisé. Dès l'entrée dans le bus de transfert nous sentons que nous ne sommes pas chez nous, le chauffeur est bronzé et a un fort accent.

Nous retrouvons dans le hall notre correspondant , Georges, qui a bien du mal à coller les timbres du visa, récupérer les contrats de séjours, tenir sa pancarte de Key Largo, et nous donner quelques détails dans un anglais aussi approximatif que le nôtre et avec un fort accent égyptien... De charmants jeunes gens se précipitent vers nous pour nous proposer un chariot et après avoir réclamé un bakchich (récompense de tout service proposé) nous abandonnent là.

Seul William avec son sac portugais aura des comptes à rendre au service des douanes. Georges saura convaincre le fonctionnaire que nous ne sommes que d'honnêtes touristes, mais déjà la meute des camelots de taxis et bagages est là, un pour pousser le chariot: bakchich, un pour lever les bagages sur la galerie du minibus: bakchich, bakchich, bakchich, ce mot semble être un leitmotiv et résonne jusqu'au cauchemar... Enfin presque.

Le trajet court mais intense nous fait découvrir les charmes de la circulation locale. Conduite nocturne sans lumière au Klaxon, aucun panneau de signalisation, beaucoup de piétons dans le noir, tas de sable ou de brique sur la chaussée, nous sommes peu habitués à ce sport local. Le mini bus craque sur les ralentisseurs de la taille d'une marche, les rideaux crasseux des fenêtres nous caressent le visage, et le moteur en sous-régime permanent montre une bonne volonté évidente. Hop un rond-point à gauche, et hop un coup de roue libre, et hop un massif laissé à droite, mais qu'importe. Après une mise en condition du conducteur sur ses qualités de très bon chauffeur, la nécessité d'un bon bakchich et trois barrières, le minibus stoppe à l'arrière du bateau. Les bagages sont déchargés et devinez de quoi reparle-t-on? Vous avez dit bakchich, bravo. Georges explique vertement au chauffeur d'aller compter ses bakchich ailleurs, il file aussitôt en maugréant. Les sacs sont disposés sur la plage arrière ou le pont supérieur du bateau. Notre maître d'hôtel nous explique qu'il faut vite passer à table. Les cabines sont distribuées, Marylène et Claude, William et Gérard, Jean-Luc dans le placard à balais, nos compagnons, déjà arrivés ce matin, ont investi la cabine double de la proue. Les sanitaires rustiques sont équipés de matériel Idéal-Standard d'un autre âge mais ils sont propres. Le repas est servi et les galettes de pain non levé nous donnent un goût d'authentique et des craintes pour la suite. Dès la fin du repas Mr Key-Largo vient nous visiter, nous présenter notre divemaster et consulter soigneusement nos carnets de plongée et nos licences. Il nous explique que nous voyagerons à deux bateaux et que l'oxygène sera sur l'autre, et nous demande si nous avons besoin de matériel. Le nombre de ceintures est noté et adieu. Le compresseur quant à lui fait la causette avec ceux des bateaux voisins et ira se coucher vers deux heures, il était temps.